“Bonsoir Papa […], j’ai raté l’X”

Is this what people call a public diary entry… hihi.. I guess so?

Je vais essayer d’écrire français.
En plus, je vais accorder les adjectifs de cette forme: “je suis content.e”
Simplement parce que ça me plaît.


Le 29/05/2024 : le jour des résultats des ENS et de l'X, qui coïncide avec la sortie scolaire programmée au parc aquatique.

C’était une journée très agréable. Je n’ai que très peu nagé, beaucoup trop relaxé (genre s’allonger sous l’ombre). J’ai dessiné en m'inspirant de différentes personnes de couleur sur des affiches publicitaires, fait des dessins à gogo au bord du bus, et quelques-uns pour mes très chouettes copains. J’ai joué aux cartes, bien mangé, et surtout bien ri.
Au retour, j’étais crevé.e, mais rien n'était comparable à l'émotion, à l'anticipation et à l'angoisse à l'idée de découvrir mes résultats du concours X/ENS.

Spoiler alert : Ceci n’est pas une histoire typique de triomphe. Je ne suis guère le héros d’un roman qui surmonte ses peurs après deux longues années d'entraînement, lutte intensément et finit par triompher sous les applaudissements.

Je suis un.e élève de prépa, un être parmi d’autres, qui vit.

Je vais laisser le moment ultime pour la fin.

Nah, en bref : je ne suis pas admissible. And that’s okay too :)

The said drawing, hihi sorry not sorry for the bad photo quality x)

Long Story :

Hier soir, je suis rentré.e crevé.e et je me suis effondré.e sur mon lit, épuisé.e par la chaleur infernale du bus et la fatigue, après avoir salué les copains.

Je regarde tout et n’importe quoi sur internet pour me calmer un peu, je texte mes proches, puis je mets l'eau à chauffer.

Je me fais une promesse : « C’est bon, après ma douche, je check les résultats. »

Aujourd'hui, ie, le lendemain, le matin, je me lave le visage et le seau… est rempli d’eau froide. Une promesse certainement pas tenue.

Ma mère m’avait ensuite appelé, je sentais mon cœur… suer… J’ai décroché. Après nos typiques bonsoirs et ça va, j’apprends ses nouvelles, j’admets les miennes…

Puis une deuxième promesse me vient :

« Maman, je t’appelle à 10 heures pile… On découvre les résultats ensemble. »

Ça passe ou ça casse, je me disais à ce moment.

Je rassure ma mère, je coupe l’appel.

Il était temps de mettre au test tout ce que je peux faire pour me préparer.

Je prends mon téléphone et j’y note trois choses :

Cette sensation de contrôle sur l'incontrôlable m’a redonné confiance en moi. Même si ce n’était qu’une chimère, cela m'a donné un sentiment de pouvoir sur ce que… admettons le… je ne peux contrôler. Je ne peux contrôler le temps, ni le destin, mais je peux l'organiser de mes meilleures capacités. Rien que d'y penser, et d'admettre ma soumission aux enjeux au-delà de mes capacités, me rend content.e.

Armé.e de cette nouvelle confiance, je sors prendre ma collation.

J'ai besoin de toute mon énergie, car il était temps de mettre cette résolution à l'épreuve.


J’ai appelé ma mère, sur mon ordinateur, un appel vidéo.

J'ai admis avoir deux "chenilles" qui me rongeaient de l'intérieur, et j’en ai fait part, pour les éradiquer au pesticide thérapeutique que les spécialistes appel ingénieusement: ‘parler’. Les deux chenilles représentaient mes craintes face à mon monde :

  1. D’une part, envers les profs : L'idée de déclarer mes résultats me mettait mal à l'aise. Pourquoi ? Parce que je me sentais blessé.e d'avoir passé le moment ardu des examens, puis après un long silence, déclarer froidement mon résultat, ou plutôt, son absence.
  1. D’autre part, entre camarades : L'année dernière, j'ai vu de mes propres yeux des amitiés s'écrouler au spé. Allah est témoin, je crains que mes chaleureuses amitiés se dissolvent pour de telles banalités. Bien que je ne possède guère de contrôle sur mes sentiments, j'aimerais tout de même savoir m'exprimer et réussir à maintenir les amitiés qui me sont chères.

Ces deux craintes, comme des graines, doivent être nourries pour pousser. Conscient.e de leur risque, j'ai décidé de les brûler en en parlant avec mes proches, et d'avoir un plan d'action concret pour en cultiver de meilleures, bien plus épanouissantes et heureuses.

Après en avoir parlé avec ma mère, nous avons regardé ensemble les résultats. C'était assez sympa. J'ai regardé mes résultats et j'avais une légère impression de fierté :

« Maman, voilà ce que j'ai fait. »

Fièr.e de dire ce que j'ai accompli, quel que soit le résultat. Cela semble contre-intuitif, mais c'était bien vrai… j'étais bien content.e… ou comme je préfère dire : satisfait.e.

Puis, c’est au tour de mon père, le téléphone sonne…

« Bonsoir Papa […] J’ai raté l’X »

— « Bravo »


Plus tard… sur WhatsApp, j’annonce comme promis les nouvelles en texte.

« Bonsoir Monsieur, vous trouverez ci-joint mes résultats […] »

—« L’X est tangent »

« Mais tu mérites mieux »

« Beaucoup mieux »

—« Merci Monsieur pour votre confiance »


« Ceci est ma composition, j’ai pris connaissance de l’épreuve. »

Voilà la ligne qu’on nous demande d’écrire lorsqu’on ne remplit aucune feuille de composition… mais je crois qu’elle encapsule fidèlement ce que je ressens envers mes résultats d’admissibilité des X/ENS… Oui… je vous l’affirme… non je le confirme:

« Cheers à mon premier NON, et aux futurs NONs qui suivront ! »

J’exclamais à ma mère, une boisson de fraise, bien froide, à la main, bras levé, et un grand sourire.


En intégrant la prépa, en choisissant le cursus d’ingénierie, je me suis engagé.e dans un cursus académique exigeant. Si j’ai appris une chose de la prépa, c’est que vivre ne commence pas après, ça commence maintenant. Quand on apprend, on apprend à l’aise.

Inchallah, si je souhaite poursuivre mes études académique, en particulier un doctorat, je dois prendre les NONs que je reçois la tête levée et avec grâce. Un NON, aussi 'méchant' d'apparence soit-il, est paradoxalement une reconnaissance. Pour qu’on renonce à nous ouvrir une porte, on doit déjà se présenter devant et toquer. Pas aussi simple que l’on peut croire… Un ami qui se reconnaitra sûrement en lisant ça, l’a dit si joliment :

“we are worthy of praise no matter what the results are, because the effort isn't invalidated by whether it did lead to the expected result, the effort we put in is always rewarded, sometimes in ways we don't see or don't understand”

Heureusement pour moi, c’est ma première porte, et certainement pas la dernière. Il y en a des dizaines qui m’attendent. Elles se fermeront peut-être toutes, peut-être seulement quelques-unes…

Mais moi je sais… Les autres ? Peut-être, peut-être pas, mais certainement pas toujours… quel effort j’ai mis pour toquer sur chacune, et quelle patience j’ai dû tenir. Je ne peux me tenir responsable pour les choses qui dépassent mon contrôle, mais je peux reconnaître le chemin qui m’a mené jusqu'ici, avec ses hauts et ses bas, et espérer bonheur et prospérité… inchallah.

Ce qui Vient Ensuite?

Haha, mon TIPE et mes oraux inchallah… Nouvelle aventure, qui marquera certainement le début d’une fin… d’un très court chapitre… qu’on appelle… l’incipit.

Je tiens à remercier, en bas de page, haha, mes parents, mes frères et mes amis, puis mes profs et les membres du staff de l’école. Et puis quelqu’un qui a toujours été avec moi, à mes côtés, mais que j’ai si horriblement traité il y a longtemps. J’espère qu'il pourra me pardonner un jour et à qui j’aimerais confier mon plus grand respect et amour pour avoir survécu, pour avoir vécu, et pour continuer toujours de vivre…

Je suis très enthousiaste de commencer mon cursus d’ingénieur, là où le vent me mènera, avec un grand optimisme et joie de vivre… et surtout…

‘The friends we made along the way’… pff—hahahahaha x)

J’ai tellement changé, dis-donc…

Pour ceux qui me lisent, où que vous soyez, je vous souhaite bonne chance et bon courage dans tout ce que vous entreprenez. Sachez que vous avez fait du bon travail, quel que soit le résultat. Soyez-en fier et continuez ainsi… :) La vie ne s’arrête pas à une fin, elle vient de commencer, et ça a déjà commencé maintenant.